Airtable : le nouvel Excel change de dimension

Pas évident de classer Airtable. Une définition simple consisterait à décrire l’application comme une feuille de calcul sans code qui interagit avec une base de données. Si à première vue, elle ressemble à un tableur de type Excel ou Google Sheets, sa richesse fonctionnelle est bien plus large. Airtable permet aussi bien de créer un simple formulaire en ligne qu’un environnement de gestion de projet, voire un CRM sur-mesure. Doté d’une fonction de traduction automatique, l’outil gère de multiples vues : cartes, calendriers, tableaux Kanban, diagrammes de Gantt, etc. Une visite sur sa marketplace donne une idée du champ des possibles. La communauté de l’éditeur a, par ailleurs, publié plus de 150 applications open source sur GitHub.

Depuis le test publié par le JDN en 2018, Airtable a introduit plusieurs nouveautés majeures. Parmi elles, on relève Airtable Automations qui permet de créer des flux de travail personnalisés (type IFTTT), d’automatiser des actions répétitives ou encore de générer automatiquement des rapports. Autre nouveauté, Airtable Sync gère de son côté la synchronisation des enregistrements d’une base source vers une ou plusieurs bases cibles.

La moitié du Fortune 1000 comme clients

Interrogé par le JDN, un porte-parole d’Airtable présente la solution avant tout comme une plateforme de développement sans code (ou low code). "Nous avons choisi l’une des interfaces les plus connues des logiciels d’entreprise, la feuille de calcul, comme premier point d’entrée. Mais derrière, on trouve une puissante base de données et des outils permettant à l’utilisateur de créer sa propre application et de répondre à des cas d’usage spécifiques." Calvin Klein a par exemple recours à la solution pour gérer son approvisionnement en tissus et, dans un tout autre domaine, Atlantic Records pour piloter sa gestion des talents. Au total, Airtable est utilisée par plus de 200 000 entreprises à travers le monde, dont la moitié issue du Fortune 1000. Parmi ses références, on relève HBO, Netflix, Time ou encore la ville de Los Angeles.

Airtable permet de développer des applications sans code, comme ici une app mobile d’e-commerce. © JDN / Capture

Et si l’éditeur ne figure pas encore dans le dernier quadrant magique du Gartner dédié au marché du low code, cela ne serait qu’une question de temps. La société californienne se donne les moyens de ses ambitions. Elle a levé en septembre dernier pas moins 185 millions de dollars. Une opération qui contribue à la valoriser à hauteur de 2,6 milliards de dollars. Depuis sa création en 2012, Airtable aura levé un total de quelque 350 millions de dollars.

"Airtable a conclu plusieurs contrats à sept chiffres depuis le début de la crise sanitaire"

En se positionnant sur le segment du low code, Airtable s’inscrit dans un marché florissant qui devrait atteindre 52 milliards de dollars d’ici 2024, avec à la clés une croissance moyenne annuelle de 32,8%. Dixit le cabinet P&S Intelligence. A cette échéance, 65% du développement d’applications proviendra de plateformes de développement sans code d’après le Gartner.

La crise du Covid-19 aura, une fois de plus, servi d’accélérateur à la démocratisation du low code. Si les entreprises se sont, au départ, concentrées sur l’outillage en se dotant de solutions de collaboration, "la deuxième vague concentre toutes les attentions sur les flux de travail et les processus métier", constate le porte-parole d’Airtable, indiquant que "la société a conclu plusieurs contrats à sept chiffres depuis le début de la crise sanitaire". Vice-président et analyste principal chez Forrester, Jeffrey Hammond note également que la pandémie a incité les entreprises à recourir au low code pour créer et déployer rapidement de nouvelles applications. 2021 devrait être, selon lui, l’année de l’explosion pour ce marché.

Airtable est toutefois confronté à une féroce concurrence. Aux côtés des pure player du low code référencés par Gartner, la licorne a des rivaux qui ont aussi fait le choix de se présenter comme des tableurs survitaminés. En octobre dernier, l’éditeur de formulaires en ligne JotForm a présenté Tables qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Airtable. L’application se présente là encore comme une feuille de calcul, mais agissant comme une base de données. Comme l’explique le billet de blog dévoilant la solution, il s’agit de répondre aux utilisateurs qui se servent d’un tableur en le détournant de sa fonction initiale, pour gérer des projets ou des contenus multimédias par exemple.

Google comme concurrent

Mais Airtable a un concurrent encore plus sérieux : Google. En septembre, son incubateur interne Area 120 a présenté Tables. L’outil désigné par Techcrunch comme une arme anti Airtable est conçu pour synchroniser les membres d’une équipe projet via la gestion de documents partagés et de tâches, et l’automatisation d’actions via des bots. Comme pour Airtable, les données peuvent être présentées sous forme de grilles, de vues Kanban ou de cartes. Il est bien sûr possible d’importer des données à partir de Google Sheets, de les partager avec des groupes Google et d’attribuer des tâches à des contacts Google existants. "Que des entreprises parmi les plus importantes suivent notre exemple ne fait que valider notre modèle", pointe le porte-parole d’Airtable.

Si Airtable n’a pas encore ouvert de bureau en France, elle inscrit ce pays dans son plan de développement à l’international. La société de San Francisco a d’ailleurs déjà noué des partenariats avec Station F ou encore l’incubateur The Family. 8 des 31 entreprises françaises figurant dans Fortune 500 figureraient parmi ses clients payants. Il s’agirait notamment de banques et d’acteurs de l’industrie automobile. Parmi ses références, Airtable compte aussi une pléiade de start-up françaises dont L’intendance, Perfect Stay, Plato, The Schoolab ou encore 26Academy.

source : 10 conseils pour piloter son audit des systèmes d’information https://ift.tt/2CoU5vA January 4, 2021 at 12:19PM