Chronique Les cyberattaques se multiplient, mais le CES continue de les ignorer.
En préambule, rappelons que CES signifie « Consumer Electronic Show ». C’est la grande messe mondiale des innovations grand public qui arriveront dans nos salons, nos cuisines ou sur nos routes dans quelques mois. Cette édition 2018 a été marquée par des tendances fortes : la voiture autonome, la réalité augmentée ou encore la 5G. Mais c’est la reconnaissance vocale et les assistants associés qui étaient les plus visibles . Google avait décidé de frapper un grand coup pour rattraper son retard sur Alexa d’Amazon, en réservant quasiment l’ensemble des espaces publicitaires de la ville pour afficher le fameux « hey google », gimmick de son assistant vocal.
Aucun expert sur place
Les sujets du respect de la vie privée et de la cybersécurité étaient quasiment absents de cette débauche d’innovations. Pourtant, les assistants vocaux écoutent en continu dans nos domiciles, envoient les enregistrements sur le cloud pour être analysés et renvoyer l’ordre de réponse aux équipements. Sur le stand de Google, personne n’était capable de rentrer dans ces détails. La seule réponse était d’envoyer un e-mail à une adresse générique
Heureusement, une start-up française sortait du lot ! Snips présentait un produit de reconnaissance vocale et insistait sur sa conformité aux dernières réglementations européennes. Sa particularité : être capable de réaliser la reconnaissance et les actions directement dans l’équipement sans devoir être connecté à Internet, ni devoir partager les sons enregistrés. L’apprentissage des actions vocales est ainsi réalisé directement par Snips qui intègre dans l’équipement l’ensemble de l’intelligence requise. Une innovation à suivre !
Une prise de conscience en cours
La cybersécurité était quelque peu présente aux stands consacrés à la voiture autonome. Des acteurs comme Blackberry, NXP, Bosch, Karamba, IAV, Prove & Run ou TrustInSoft affichaient leurs nouveautés dans ce domaine. Nous avons pu observer des avancées en particulier dans la mise à jour à distance des véhicules ou sur la sécurisation des communications. Cette direction est la bonne.
Mais à part quelques autres start-up spécialisées perdues dans l’Eureka Park, la cybersécurité brillait par son absence. Certes, le CES n’est pas un salon dédié à ce sujet. Mais la plupart des innovations présentées manipulaient des données personnelles, ajoutaient des vidéos ou des micros dans nos équipements quotidiens et connectaient au cloud des pans entiers de nos domiciles. Tout ceci est d’autant plus surprenant que toutes ces technologies ont été victimes de cyberattaques dans les derniers mois.
L’attention du grand public sur ces sujets est en augmentation constante. Pour que ces innovations soient acceptées et utilisées dans le futur, il est aujourd’hui nécessaire de rassurer les clients. Peut-être les enjeux de la vie privée et la cybersécurité seront-ils les stars du CES 2019 ? Dans ce domaine, je sais que l’espoir fait vivre.
Gérome Billois est partner cybersécurité chez Wavestone.